Renaissance

Quand tout n'est qu'un rêve, que rien n'est certain mais que tout se confond dans une réalité lointaine.


Le souffle bloqué dans la gorge. L'angoisse. L'horreur. Le corps tendu. Les cheveux hérissés sur la nuque. Un grondement au fond de la gorge. Et enfin, un cri, hurlé d'un coup, qui résonna dans la chambre, sans que je ne comprenne rien.

 

Je me lève. Je reconnais autour de moi le décor. Ce temple, en Inde, où Prudence nous a amené. Je ne comprends pas. Je me souviens juste de notre base d'Avalon, attaquée de toute part. Nous, nous tous, dans nos armures de Necro, enfermés dans une mort figée par le temps, car le Knight, même après notre disparition, a eu besoin de nous. Notre combat. Notre seconde mort. La panique, que j'avais ressenti même jusque dans cette Necro. Des restes du moins. Ce sentiment d'impuissance alors que nous n'avions rien pu faire d'autre que de voir l'Anathème nous fondre dessus et nous dévorer.

 

Alors je ne comprends pas. Je ne comprends plus. Je suis en vie. Je cours, tellement vite que je me cogne contre les murs, sans réussir à contrôler correctement mon corps encore engourdi par les brumes d'un sommeil que je pensais éternel. Mon oncle est là aussi. Franck. Colombe. Maxwell. Sonam. Et même Prudence. Je suis perdue. Je ne sais pas ce qu'il nous arrive. Personne ne comprend. Nous secouons tous vainement la tête pour tenter de trouver une explication, ou du moins un semblant de réponse. Mais nos yeux ne reflètent que de l'incompréhension. Selon les quelques scientifiques qui sont avec nous dans le temple, nous n'avons dormi qu'une nuit.

 

Nous avons rêvé.

 

Je sors dehors. Rien n'a changé. Le vent est lourd. Je ressens enfin de nouveau sa caresse sur ma peau. Je ne peux pas m'empêcher de sourire légèrement avant de retourner à l'intérieur e de me jeter dans les bras de Maxwell. Avant de comprendre. Tout n'a été qu'un rêve. Même nous. Du moins le pensai-je jusqu'à ce que nous prenions la décision de faire de ce rêve quelque chose de vrai. Comme Colombe et mon oncle. Pourquoi se priver. Pourquoi rester seuls. Nous risquons suffisamment nos vies tous les jours, alors pourquoi ne pas chercher un peu de bonheur si l'occasion se présente. Sous nos armures, nous restons humains.

 

Je retrouve mes mouvements, mes sensations, mes émotions, mon oncle et ma coterie, qui est devenue ma famille au fil des missions et des mois. C'est étrange cependant. Ce rêve me fait trop réfléchir, je n'ai pas l'habitude. Je préfère me réfugier dans la réparation de Harley dans ce genre de moment impossible ici. J'ai qu'une chose à faire : penser. Je refuse. Je m'entraîne. Avec Logan, avec Colombe, Max… Et je parle aussi, beaucoup. Ces semaines passées au temple me permettent de prendre le temps de me rapprocher de Franck. Il a besoin de parler, de chercher une explication, comme moi. Alors nous tentons de trouver quelque chose pour répondre à nos questions. Nous ne parvenons bien entendu à rien mais tant pis. Discuter avec lui, me rendre compte que mon ami m'avait manqué depuis quelques semaines où nous ne nous parlions plus trop, cela me fait un bien fou. Bien entendu je profite aussi du temps passé avec mon oncle et avec Max.

 

Nous sommes retour dans la réalité. Nous avons besoin de tous nous retrouver, de tous nous rapprocher. Nous formons une famille, nous avons besoin les uns des autres. Être seule, c'était une belle connerie, et je m'en rends compte. Je livre à mon oncle mes déboires et mes regrets quant à mon départ, à la mort de ma mère. Aujourd'hui, je sais que j'ai fais une erreur. Aujourd'hui, je remercie Lancelot de m'avoir forcée à faire partie d'une coterie. Parce que je n'aurais jamais pu combattre l'Anathème seule chez les Dragons. Je me serais flinguée au bout d'un moment, je le sais.